Le samedi 4 mai dernier, l’association Paléodécouvertes organisait une balade sur les communes de Sanilhac et Beaumont, guidée et commentée par Patrick Pailleret. Une quinzaine de personnes était présente pour découvrir les sites de la source Boucharade et des quartz de Beaumont.


Au hameau du Gua

Après notre rendez-vous à Joyeuse afin d’entamer un covoiturage nécessaire, nous nous retrouvons au pont du Gua, magnifique pont passant au-dessus de la Beaume. En se baladant autour du pont, nous pouvons voir l’arrière de la tour de Brison. Celle-ci est construite sur un affleurement datant du trias, et sert actuellement de poste d’observation pour prévenir des incendies.

Nous montons ensuite, par un étroit chemin, vers la fameuse source Boucharade. A cette saison, le ruisseau est exceptionnellement fourni, alors qu’il est généralement sec le reste de l’année. Patrick nous indique que l’escarpement que nous voyons est la trace d’une faille, et la source Boucharade est la dernière manifestation de l’activité hydrothermale de ces lieux. Au pied du chemin nous étions dans les micaschistes, parsemés de quartz, comme par exemple avec des lentilles d’exsudation de quartz (voir détail sur la photo ci-dessous), mais arrivés à la source, nous sommes passés dans le gneiss. Cette roche est le résultat d’une fusion des micaschistes. Le quartz est aussi présent dans le gneiss, et il est possible d’en apercevoir des inclusions sur la roche entourant la source.

Arrivés sur le lieu d’exploitation de la source, nous voyons d’abord un petit abri, dans lequel l’eau devait être puisée. L’eau de consommation est d’ailleurs dans le hameau toujours l’eau de la Boucharade prise ici par les gens qui habitent proches de la source.


La source de la Boucharade

La source de la Boucharade est une source hydrothermale, c’est-à-dire que c’est une eau qui s’est infiltrée suffisamment profondément pour être chauffée, ce qui la fait remonter. Cette eau peut alors jaillir chaude et pétillante. En remontant chaude, l’eau de la source arrache aussi des minéraux aux roches qu’elle traverse, qui forment alors sa composition. La source de la Boucharade n’est pas particulièrement chaude, mais elle est bien pétillante, et chargée de minéraux.

L’eau de la source de la Boucharade a été consommée par les habitants du hameau du Gua depuis au moins le XXè siècle, mais elle est connue depuis plus longtemps : le docteur Fabre la cite ainsi avec éloge en 1657. Une analyse de l’eau a été effectuée en 1879 classant l’eau de Boucharade dans les eaux bicarbonées sodiques gazeuses comme les eaux de Vals-les-Bains et de Vichy de par leur composition chimique similaire. Non seulement appréciée en tant qu’eau de table, elle disposerait aussi de propriétés médicinales contre les affections de l’estomac et des intestins, contre les anémies, les névroses, le diabète et les affections du foie. L’eau de la Boucharade a aussi été exploitée pour la consommation en bouteille, mais son développement a été en grande partie empêché par la position et le manque d’accessibilité de la source.

Après avoir fait le tour des bâtiments d’exploitation en ruine, nous pouvons nous approcher d’un bassin dans lequel jaillit l’eau de la source avant d’être récupérée par le ruisseau. On voit clairement les bulles remonter à la surface de l’eau, et Patrick offre au groupe de la goûter en la récupérant au fond du bassin.


Une nappe phréatique au Col des Cayras

Après cette dégustation, nous repartons en voiture, direction le col des Cayras. La vue depuis le col est magnifique, et offre un endroit parfait pour un pique-nique. Depuis ce col, il est possible de voir l’autre face de la tour de Brison, ainsi que le mont Ventoux, les Alpes, et plus proche de nous, le Tanargue, qui monte jusqu’à 1500m, mais dont on voit ici la crête de La Cham de Cros qui monte à 1200m. Le Tanargue  se compose de multiples roches, dont : le granite, le gneiss et le schiste, les deux dernières étant des roches métamorphiques.

Avant de voir un autre témoignage de la faille sur laquelle nous nous trouvons, nous allons voir la nappe phréatique artificielle, une solution au manque d’eau aux dimensions et au principe plus raisonnés que les méga-bassines ! Cela faisait plusieurs années avant sa construction en 2022 que Beaumont connaissait une coupure d’eau du robinet en été, à cause de la sécheresse mais aussi de la fréquentation touristique du village. Le principe de ce réservoir très particulier a déjà été utilisé et reconnu à Madagascar, mais c’est une première en France et en Europe. Cette nappe phréatique artificielle est en fait un “réservoir d’eau enterré plein de sable” (ou REEPS). C’est donc un tas de sable disposé sur une bâche et enterré, qui peut être rempli d’eau sans gonfler, puisque celle-ci prend la place de l’air quand elle s’infiltre entre les grains de sable. Le sable a aussi des propriétés antibactériennes, qui permettent de conserver l’eau plus longtemps que dans réservoir classique, sans qu’elle croupisse. A Beaumont, ce n’est pas du sable qui a été utilisé, mais de la pouzzolane, roche volcanique ayant les mêmes propriétés. De plus, elle peut être exploitée localement : celle du réservoir vient de Thueyts !

Le réservoir est évidemment à utiliser en dernier recours, et est seulement destiné à la consommation, étant donné qu’il est petit (300m cubes d’eau) et qu’il garde l’eau tout à fait propre. Les travaux ont coûté 94000 €, et occupe une petite surface sur ce col des Cayras.


Un site à la géologie étonnante

Le creusement de cette nappe phréatique a mis au jour une saignée très intéressante pour nous : on y voit en effet d’un coté des boules de pierre presque suspendues, et de l’autre une roche orangé et zébrée de blanc par endroit. Les boules suspendues sont des formations de granite, dont le mica s’est érodé, ne laissant visible que le feldspath et le quartz, plus résistants. Ce genre de formation est rarement observable et se forme souvent au bout de dizaines de milliers d’années. Elles sont plus souvent visibles en haut de falaises ou de rochers car l’eau altère d’abord le sommet de ces roches par ruissellement.

Sur l’autre flanc, orangé, on peut voir un bloc qui s’est détaché de la paroi : c’est un bloc de granite qui comporte des inclusions de la roche pouvant être observé du côté gauche de la paroi : un mélange de micas noirs, d’oxyde-de fer et d’oxyde de manganèse, qui compose une migmatite ou une vaugnérite.

Dans la paroi, les zébrures que nous voyons sont alors des inclusions de granite. Cette roche est aussi en train de se décomposer sous l’effet de l’eau, ce qui indique encore une fois une faille, de même que la rencontre et presque le mélange du granite et de la migmatite dans la paroi, dans un massif qui, sur les cartes géologiques, est indiqué comme étant composé de granite homogène. Sur certaines pierres, on peut voir des petits points et des feuilles formées par l’oxyde de manganèse. On appelle ces pseudos-fossiles – des pierres faisant penser à des fossiles, mais n’en sont pas – des “dendrites”.


A la recherche du quartz hématoïde

Sur le chemin vers les quartz, nous trouvons un filon : c’est un rocher qui a résisté à l’érosion et qui donc se dresse seul. Le quartz étant très résistant, c’est ce qui lui a permis de résister à l’érosion, d’où son nom de filon de quartz. Plus loin, nous croisons encore un emplacement de faille, cette fois-ci indiqué par de la mylonite, une roche réduite en petits morceaux voire en poussière à cause du cisaillement provoqué par la faille.

Pour finir, Patrick nous montre les coins à quartz : d’abord un premier au milieu des arbres, qui semble avoir déjà été visité. Mais nous trouvons facilement des quartz orange et clairs. Les quartz orange sont aussi considérés comme le type de quartz que nous cherchons, le quartz hématoïde. Cependant, le quartz hématoïde le plus couru est rouge vif, et c’est celui que nous cherchons par la suite dans un autre filon. Celui-ci est cette fois découvert, et  semble avoir été exploité à la barre à mine. Des poches vides sont encore visibles, desquelles du quartz hématoïde a dû être extrait. De nombreux fragments de quartz à peine cristallisé sont visibles, et par endroit, des morceaux de quartz hématoïde rouge ont pu être trouvés par quelques chanceux.

La balade se termine ainsi sur un petit inventaire des trouvailles que chacun pourra ramener chez soi, entre quartz clair et rouge, dendrites, et roches ferreuses…

Prochains événements

La prochaine balade aura lieu le samedi 1er juin, à Saint-Laurent-sous-Coiron. En attendant, vous pouvez lire les autres comptes-rendus de balade :

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