La première balade géologique de 2023 organisée par l’association Paléodécouvertes a eu lieu le samedi 4 février dans la commune de Soyons sur le flanc ouest du massif de Crussol. Une trentaine de personnes furent au rendez-vous afin de découvrir le célèbre val d’Enfer ainsi que les spécificités géologiques et paléontologiques du massif allant du Trias jusqu’au Jurassique. Bernard Riou, paléontologue et membre de l’association, apporta ses connaissances aux petits et aux grands durant ces deux heures de balade.

Un voyage dans le temps : La chronologie du massif

Ce retour dans le passé débuta à 14h au pied du massif de Crussol. Les participants réunis entamèrent une marche bienheureuse guidée par le paléontologue Bernard Riou tout au long du chemin de randonnée. Les anecdotes fusent lors des points d’arrêts. La première étape est dédiée à la chronologie du site. En effet, la moitié inférieure du massif est datée à 240 millions d’années, soit la première période du mésozoïque : le Trias, précisément au Trias moyen. Le sommet du massif est quant à lui daté au Jurassique moyen, c’est à dire plus récent d’environ 100 millions d’années. Sur ce site, il est possible d’établir une datation relative (par comparaison des spécimens les uns par rapport aux autres) grâce aux ammonites particulièrement abondantes, les variations entre ces fossiles témoignent de la temporalité.

Tout comprendre sur la géologie du Val d’Enfer et de ses alentours 

Le célèbre ravin des enfers doit sa dénomination aux températures extrêmes qui en émanent l’été. Celui-ci est composé essentiellement de marnes riches en fer fut lentement creusée par l’érosion.

Il suffit simplement de regarder le massif pour voir la stratigraphie du Trias et du Jurassique se dessiner sous nos yeux.

L’une des hypothèses sur l’alternance des différentes strates “argile-calcaire” pourrait être liée à l’éloignement de la terre par rapport au soleil comparable au cycle milankovitch connu pour les glaciations. Ainsi la variation de température entraîne le développement plus ou moins important de micro-organismes à structure calcaire, ce qui influe sur les formations géologiques. 

Les principales roches et matériaux que l’on peut rencontrer sont des marnes argilo-calcaire, il est possible de retrouver des cristallisation de calcaire : la calcite. Il y a aussi des couches de calcaire riche en fer, cela est remarquable par sa couleur rougeâtre/noirâtre. Nous retrouvons aussi une terre à la fois argileuse et calcaire appelée la “marne”; à ne pas confondre avec de la “molasse” qui sont des sables avec des ciments calcaire. Les marnes sont des milieux riches en fossiles d’ammonites que les participants ont exploré à leur convenance afin de trouver quelques traces d’un lointain passé. Nous pouvons retrouver du calcaire gréseux sur les hauteurs du Jurassique inférieur du massif de Crussol, il s’agit d’un sol acide apprécié par un arbre de la faune locale que nous retrouvons toujours en Ardèche, le châtaignier. En revanche, la base de la montagne, datée du Trias, est composée de grès siliceux (sable durci) en raison de la proximité de la mer. 

Les spécimens qui nous ont précédé

Durant le Trias moyen dans la région rhodanienne, la faune était notamment composée de spécimens tridactyles tels que des dinosauromorphes, des reptiles ou des crocodilomorphes. A la base du massif de Crussol une empreinte de  crocodilomorphe (Chirotherium sp.) fut mise au jour. 

Lors de notre balade, Bernard Riou nous fit observer des roches présentant des traces fossiles zoophycos, un effet d’éventail formé dans le calcaire par des vers marins. Peut être que  l’astéroïde rochechouart qui heurta la terre il y a environ 200 millions d’années, causa non seulement un astroblème d’une profondeur de 700 m, mais un impact mondial, les dinosauromorphes qui régnaient en maître laissèrent place aux dinosaures pour une durée d’environ 65 millions d’années.

Pour la période du Jurassique nous savons par la découverte de rostre de bélemnite que ce milieu était aussi peuplé de calamars et autres mollusques. Des fossiles non locaux peuvent nous renseigner sur le genre de faune qui peuplait autrefois ces milieux, comme des ichtyosaures. Ces derniers pouvaient avoir une physionomie rappelant celle du dauphin, des spécimens mis au jour sont conservés avec les parties molles dans les gisements du Bad Württemberg.

Une espèce est toutefois présente durant le Trias (cératite) et le Jurassique (ammonite), il s’agit bien entendu d’ammonoïdes, dont certains participants ont pu attester la présence par des fragments de fossiles tels que des aptychus (opercules). 

De nos jours bon nombre d’espèces ont disparu, la faune comme la flore, mais certains ont réussi à survivre aux extinctions massives, d’autres ont évolué et vivent encore parmi nous. Les dinosaures n’ont pas complètement disparu de la surface de la terre, les oiseaux sont leur descendant bien que moins impressionnant pour la plupart.

Anecdote locale : en 1985 à Soyons des restes de mammouth ont été mis au jour chez un particulier lors de travaux, les restes sont aujourd’hui au musée archéologique de la ville.

Sur le chemin du retour, nous avons longé la route afin d’observer la coupe stratigraphique du Trias. Bien que nous n’ayons pas trouvé de trace de dinosaures, notre guide a approfondi nos connaissances géologiques en nous montrant des évaporites, empreinte de cristaux de sels fossilisés. A la fin de cette balade, chacun put repartir la tête remplie de nouvelles connaissances.